16/07/2008

Até ao fundo... V

© Jusqu’au Fond du Gouffre (1994)

Tal como dissemos na posta anterior, uma simples cheia pode deitar tudo a perder dentro de uma gruta e são circunstâncias como essa que exigem decisões racionais e emocionais difíceis, por vezes mesmo, extremas. É neste contexto e como exemplo que regressamos (tal como prometido em “Espeleo fazia; não, espeleofagia”) à obra, de Corentin Queffélec, Jusqu’au Fond du Gouffre - Record du monde à la Pierre Saint-Martin (Spéléo Éditions, 1994). Mais precisamente ao capítulo 18, intitulado “A Cheia” (La Crue). Uma história dramática sobre 55 horas de luta ininterrupta pela sobrevivência. Depois de chegarem a um local seguro, dormiram 21 horas de seguida e só depois de mais 12 horas de progressão é que conseguiram atingir o exterior…

1966, 14 de Julho. Arcaude, Jacques Sautereau, Noël Lichau, Christian Migraine, Pierre Wajdenfeld e San Testeban encontra-se no túnel de acesso à sala Verna, "entourés d’une part des quelques équipiers espagnols" e uma equipa do Spéléo-club Rouen. No dia 17 são surpreendidos por uma cheia; decidem bivacar e aguardar que as águas baixem.
"On dîne, on se couche. Longtemps, du fond des sacs de couchage, ils écoutent la crue. Des cascatelles s’amorcent, coulent de toutes parts. Des millions de gouttes d’eau tombent un peu partout, mêlent leurs échos cristallins, sourds, gras. Rien de bon ! Du fond de la faille, sous leurs épaules, s’amplifie le grondement du ruisseau qui se transforme en gros torrent. La nuit passe. Puis la journée. La crue bat son plein."
Impaciente, a equipa resolve sair para o exterior e esperar por melhores condições. Os do club Rouen decidem algo de semelhante mas, após dois espeleólogos acidentados (uma entorse e, posteriormente, uma dupla fractura da tíbia e do perónio) a equipa bate em retirada…
Au matin du 20, il ne reste donc plus qu’une équipe de pointe diminuée à la Pierre. Le baron, Arcaute et San Testeban, Noël Lichau ainsi qu’un dernier Espagnol, Juan Maria [Feliu]. L’eau continue de baisser. On lancera l’assaut le jour-même.
(…)
Raisonnablement chargée, la bande franchit vite les 350 mètres qui séparent la grande corniche de l’embarcadère. Dans la galerie, même paysage qu’avant le camp: mêmes marmites, même corrosion. Quelques ressauts à descendre. Ici 10 mètres, là 5, plus loin 6. Puis voilà la rivière, dans sa splendeur.
Dans sa nouvelle splendeur. Car la Pierre livre encore un nouvel aspect de sa beauté. Le baron et Arcaute, fervents lecteurs de Tintin, évoquent les paysages de l’Atlantide, lorsque Blake et Mortimer naviguèrent au hasard sur une impossible rivière souterraine des Canaries, ou de Madère. Ici, aussi, entre deux parois verticales, droites, droites, mais droites, le plafond échappe à la lampe la plus puissante. Dans le fond de ce grand cañon, la rivière coule. Limpide, calme, grosse encore mais apaisée, très différente de celle que Noël avait entrevue quelques jours auparavant et qui l’obligea à rebrousser chemin.
(…)
Voilá deux heures qu’ils ont quitté la débarcadère. Is ont conscience d’avoir bien marché. Pour gagner du temps, ils décident de dégorger définitivement les bateaux. Isaac San Testeban, à qui Arcaute n’a pas pris le temps d’expliquer les raisons de ce brusque changement de tactique, manifeste bien un étonnement mêlé de phrases espagnoles. C’est que, seul du groupe, il ne porte pas de combinaison isothermique. Mais la collectivité écrasant l’individu, il n’insiste pas.
"Trop moderno. Mia pontonièra es muy bien!" a-t-il répondu au moment de s’équiper.
Il flotte donc dans une immense paire de bottes prolongées jusqu’aux aisselles et retenues par des lanières. Ainsi vêtu, il peut affronter l’eau froide, mais pas plus haute que la poitrine. Aussi s’est-il muni d’un bâton avec lequel il sonde à présent chaque marmite avant d’y entrer. Ce qui ne va pas dans le sens de l’accélération de la progression escomptée par les autres. Au moins, cela attire l’attention sur un fait: l’eau devient plus profonde au fil de l’avance. Et puis cela fait rire le baron; ce grand, cet interminable Isaac, avec son profil d’aigle noir, qui sonde avec prudence et se retourne vers lui, chaque fois :
"Bâton, muy bien!""
Depois de várias horas de progressão e ultrapassados vários obstáculos, a equipa detecta a subida das águas… E as coisas tomam um cariz preocupante. Não só as águas da última cheia não estavam a descer como se verificava uma nova cheia, ainda mais intensa e perigosa!
A vrai dire, aucun d’eux ne sait plus très bien quoi dire. A leurs pieds le courant défile, toujours plus vite. Il se passe quelque chose d’anormal dans cette caverne. Ils n’assistent pas à une décrue, mais au contraire à l’amorce d’une autre crue, bien plus importante que la première. Et Noël qui a deux à trois heures d’avance, là-bas, en amont? A supposer qu’il ait remonté la même rivière, qu’il ne soit pas engagé dans un affluent. (…) Ainsi, pendant trois heures, ils vont gagner, par bonds de plus en plus faibles, vers l’amont, jusqu’au moment où, cette fois-ci, irrémédiablement, le courant les vaincra. La hauteur d’eau dans le cañon atteint 4 mètres. Plus de berge, plus d’appui pour continuer la manœuvre. Et la certitude que le naufrage, cette fois, se solderait par un adieu à la compagnie.
Il faut attendre, maintenant. Noël et Juan Maria? Ils n’ont pas de canot. Comment ont-ils franchi ces difficultés qui ont terrassé Félix, Isaac et Jacques? Comment imaginer qu’ils redescendront un pareil courant alors que toute chute se traduirait par une noyade? Il faut néanmoins attendre. Le trio s’est arrêté sur une corniche irrégulière, exiguë. Félix et Jacques se sont assis. Ils refusent encore d’imaginer le pire. Isaac, debout, ne parvient pas à se réchauffer. Il se tient raide comme le bâton qu’il utilisait tout à l’heure. Le baron pense que si on pouvait le plier, on le casserait… Félix se lève alors et, tant pour réchauffer son ami que pour dégager en lui-même quelques calories, le frotte énergiquement un peu partout. Jacques prend le relais. Mais l’aigle noir ne sait que marmonner:
"Frio. Frio. Froid."
(…) Noël. C’est Noël qui rebrousse chemin. Et si Noël le fait, c’est que c’est possible.
"Par ici, Noël, nous sommes là. Par ici."
Jacques a tout à coup peur. Félix s’agite. Ils rallument leur carbure. Flottant sur l’eau déchaînée, le casque blanc de Noël apparaît. Ils ne voient que son casque. Du reste, plus de trace, une masse grise, visage, membres, corps… Il n’a plus de lumière et se laisse emporter par les eaux !
"Viens. Nous sommes sur la petite corniche."
Le mannequin flottant parvient à s’orienter, à prendre pied à leurs côtés, nettement azimuté, déboussolé.
"C’est la crue, le gars ! Il faut rebrousser chemin. Ça va être terrible. Il faut partir." (…) Moins de cinq minutes plus tard, sans lumière lui aussi, l’Espagnol apparaît, se laisse tirer sur la corniche.
(…)
Ils mettent cinq heures pour rejoindre la grande barrière. Dans les flots de plus en plus furieux, par sauts de puce de plus en plus courts. Emportés comme fétus dès que la corde d’assurance se fait en peu molle. Mais ils n’ont pas dessalé. L’espoir renaît. De l’autre côté de cette barrière, dans le grand cañon, tout devrait s’arranger.
(…) La peur les pousse vers des solutions folles : la nage, un par un, encordé aus autres qui l’assurent depuis de vires auxquelles les invite aussi à jouer aux panique qu’engendre cette eau bouillonnante les invite aussi à jouer aux Tarzan, à lancer des tyroliennes vertigineuses, de becquets rocheux en becquets rocheux. Tout plutôt que se mouiller… Haine de cet élément aqueux… La sagesse les conduit finalement à plier, à revenir à la première méthode ; la canot, les canots liés par une longe, d’où l’on s’assure mutuelment.
(…) Heureusement. Ils sont tous à bout. A la limite de leurs moyens.
En tête, dans un canot vert espagnol, Isaac inconscient et Juan Maria. Dans le bateau du milieux, Félix et les bagages. En queue, une robuste embarcation rouennaise, Noël et Jacques. Ils servent de frein au petit train.
Cinq heures de progression encore avant d’atteindre le débarcadère. Là, ils font leurs comptes. Ils sont crevés. Du matériel s’est perdu. Un sac a été emporté. Les bateaux fuient. (…) Une seule chose compte : se réchauffer, dormir.
Ivres de fatigue, titubants, ils parcourent les derniers hectomètres en automates. Cinquante-cinq heures d’efforts ininterrompus, de combats pour survivre. Sans un instant de vrai repos. Cinquante-cinq heures de glace dans le sang, de panique tordant les viscères, de contrôle nerveux aussi pourtant, moindre vraie faute devenant mortelle sur-le-champ. Et cela dans l’eau à deux degrés. Cinquante-cinq heures à deux degrés… Ils couchent Isaac dans deux duvets. Ils font boire encore un gobelet de soupe brûlante. L’oil de l’aigle noir s’ouvre enfin, cherche Félix, s’arrête sur lui.
"Amigo, murmure-t-il, Amigo…""



[P.S. (17/07/08): Juan Mari Feliu contactou-nos para, além de nos felicitar sobretudo pela “capacidad de buscar tiempo para hacer cosas tan interesantes”, efectuar alguns reparos.
La primera foto de la Piedra de San Martin es mía, es entrando en el Túnel del viento y los compañeros del bote son Juan Miguel Martínez de Goñi (navarro) y Ruben Gomez (francés), año 1965. El texto tiene algunos errores en los nombres que espero darte sus modificaciones con el tiempo. Espero poder contribuir con imágenes y prensa de la época desde 1951-67 sobre la piedra de San Martín.
Para nós será uma honra contarmos com a sua colaboração e ficamos a aguardar, depois do final de Agosto, pelas novidades. Os nossos sinceros agradecimentos e um grande abraço…]


© Jusqu’au Fond du Gouffre (1994)

[Pierre de Saint Martin
No início de 1968, Corentin Queffélec finalizou o livro sobre a “sua” Pierre Saint-Martin, sobre o que viveu e atingiu, depois de 1954, o que partilhou nessa fantástica montanha com alguns companheiros, entre os quais alguns que se tornariam amigos de uma vida. Esta obra, publicada pouco tempo antes do turbilhão de Maio de 68, é um dos grandes clássicos da literatura espeleológica, ancorado na amizade e na paixão pela aventura da Pierre Saint-Martin.
Com Sondeurs d’Abîmes de Norbert Casteret, Le gouffre de la Pierre Saint-Martin de Haroun Tazieff, Opération -1000 dos primeiros exploradores da gruta Berger e Escalades Souterraines de Pierre Chevalier, Corentin Queffélec é um dos últimos grandes escritores de espeleo. Jusqu’au Fond du Gouffre - Record du monde à la Pierre Saint-Martin (tome 1) (Spéléo Éditions, 1994) faz parte, sem dúvida, dos grandes clássicos da espeleologia.
Nesta obra, "Queff" faz reviver a ambiência das explorações do período dos pioneiros da Pierre, de 1955 a 1968, dos personagens truculentos, originais, eficazes e apaixonados que se juntaram em seu redor para aumentar a Pierre na sua companhia. Por amor à caverna e à montanha; por amizade também e sobretudo.
No começo, nas explorações de 1955 a 1958, é a dúvida. Depois foi o retomar das explorações, das descobertas e dos recordes dos anos 60, com a escalada da parede da Verna, a descoberta da galeria Aranzadi, a lenta e delirante exploração do meandro Martine e dos poços Aziza-Parment. "Nous nous sommes organisés, (...), nous sommes obstinés. Ceci est l’histoire de notre obstination."]

Sem comentários: